Séquence #2 : vidéosurveillance du 22 octobre 2021 au 9 janvier 2022

Derrière chaque caméra un flux d'images, derrière chaque micro une banque de sons. Qui est regardé ? Qui est écouté ? Qui observe et écoute ? Et, bien évidemment, comment et pour quoi faire ?
La deuxième Séquence du Lavoir Numérique dont la thématique est consacrée à la vidéosurveillance, propose à la fois un éclairage et un décentrement

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Des capteurs sonores dressés sur une place publique, une caméra cramponnée à la façade d'un immeuble, une autre hissée au faîte d'un lampadaire : déjà banalisés et toujours à la conquête de nouveaux territoires, les dispositifs d'audio-vidéo-surveillance s'affichent sur les hauteurs des villes et des champs.

Cette multiplication de caméras et de micros pose un débat fondamentalement éthique et juridique mais génère aussi différentes problématiques sociales, administratives, financières, techniques (les capteurs de dernière génération sont de plus en plus sophistiqués et, depuis peu, dits « intelligents ») mais aussi, ne l'oublions pas, des problématiques culturelles et esthétiques. Les images et les sons produits par les systèmes d'audio-vidéo-surveillance ont depuis longtemps intrigué et inspiré les artistes plasticien.ne.s, photographes, perfomeur.euse.s, compositeur.rice.s., vidéastes et réalisateur.rice.s.  La première saison du Loft Story, adaptation de l'émission néerlandaise Big Brother reposant essentiellement sur l'observation vidéo du quotidien et de l’intime fut à ce titre diffusée en France en 2001, il y a 20 ans déjà. Ainsi, en ce début de 21ème siècle, la téléréalité consacrait définitivement l'image de vidéosurveillance en tant que genre à part entière avec ses temporalités et ses qualités esthétiques. Depuis, de nombreux programmes reprenant ce principe et cette esthétique ont essaimé dans le paysage télévisuel et à travers les médias sociaux.

Derrière chaque caméra un flux d'images, derrière chaque micro une banque de sons. Gardons par conséquent le strict point de vue audiovisuel et imaginons à présent que le déploiement technologique de surveillance-protection auquel nous assistons ne serait qu'une vaste entreprise visant à transformer la sphère publique en un gigantesque plateau de télévision, une sorte de spectacle en temps réel à l'échelle d'un pays, incarné par des millions d’anonymes.  Posons-nous dès lors les questions suivantes : qui est regardé ? Qui est écouté ? Qui observe et écoute ?  Et, bien évidemment, comment et pour quoi faire ?

C'est donc à la fois un éclairage et un décentrement que propose la deuxième Séquence du Lavoir Numérique dont la thématique est consacrée à la vidéosurveillance. 

 

Michaël Houlette