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La banlieue est avant tout une notion géographique recouvrant un « territoire et ensemble des localités qui environnent une grande ville » (CNRTL, centre de ressources textuelles et lexicales). Cette définition pour le moins étendue, recoupe une grande variété de réalités. Si l’on s’en tient à la banlieue parisienne, celle-ci est à la fois : proche ou éloignée de Paris, populaire ou cossue, peuplée de grands ensembles ou de lotissements, rurale ou urbaine… Pourtant, les discours médiatico-politiques participent souvent à la simplification de cette réalité résolument complexe. Celle-ci est schématisée sur le plan géographique, on n’évoque souvent qu’un territoire proche de Paris et populaire. Elle se double également d’un jugement défavorable, puisque cette « banlieue » est entendue en creux comme « problématique », « sensible » voire carrément « dangereuse ». Cet espace stigmatisé par l’opinion est alors condamné à n’être qu’un territoire passif, qu’il faut « traiter » et qui est finalement « sans qualités ».
Au contraire, cette banlieue parisienne, proche et populaire est dotée de nombreuses singularités qui lui ont été insufflées par des acteurs variés sur le temps long. Dès 1884, les premiers maires élus démocratiquement prennent en charge un aménagement urbain depuis longtemps diligenté de façon verticale par l’État et l’on voit les premières cités-jardins apparaître sous l’impulsion d’Henri Sellier dans les années 1930. Dans les années 1970 à 1980, des architectes tels que Ricardo Bofill, Émile Aillaud ou encore Renée Gailhoustet affirment par leurs créations architecturales que la banlieue parisienne est un espace des possibles. Aujourd’hui encore, le projet du Grand Paris Express a donné lieu à de nombreuses expérimentations architecturales, avec le projet des gares RER et l'ambition de connecter les quartiers des différentes banlieues. Cette « marge » urbaine est aussi bien zone de « marginalisation » que marge « de manœuvre ».
Aussi, la 10ème séquence proposée par le Lavoir Numérique, lui-même situé en petite couronne, témoigne du pouvoir créatif et innovant des espaces dits « de banlieue ». Inscrite dans le cadre de la Biennale NEMO 2025, dont la thématique questionne les « Nouvelles utopies à l’ère numérique », la programmation du Lavoir se donne pour objectif d’explorer la manière dont ce territoire spécifique se présente comme un lieu de projection vers l’avenir. L’exposition Banlieue, territoire-fiction réactive la notion d’utopie dans la banlieue contemporaine. Les Rencontres du Lavoir explorent quant à elles la façon dont la création audiovisuelle participe du renouvellement de l’imaginaire autour des banlieues. La programmation cinéma se concentre sur la façon dont les grands ensembles ont été représentés au cinéma et de nombreux ateliers sur la thématique participeront à compléter ce programme. Cette séquence est présentée en lien avec l’exposition « Robert Doisneau, Gentilly » à la Maison de la photographie Robert Doisneau.
Lise Boulay et Lou Burillier, commissaires.